Sur la situation des BIATSS

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Sur la situation des BIATSS

Sur la situation des BIATSS. Jean-Pierre Launay, 21 janvier 2013

Le premier constat que l’on peut faire est le manque de transparence :

  • Manque de transparence quant à l’activité, aux procédures d’évaluation (voir plus bas)
  • Manque de transparence quant à la répartition des personnels techniques. Au niveau des laboratoires, il est clair qu’elle est héritée de l’histoire. De manière plus générale, il n’y a jamais eu, à ma connaissance, de diffusion de tableaux ou de statistiques sur la répartition à un niveau fin, que l’on puisse confirmer (les laboratoires).

Vie quotidienne
La question de la hiérarchie est beaucoup plus importante pour les BIATSS (évalués par le cadre « N+1 ») que pour les enseignants-chercheurs (évalués par des pairs plus lointains ou simplement la communauté scientifique). Dans les gros services techniques, on peut se demander si les BIATSS en position d’encadrement ont bien toujours les dispositions et la formation aux ressources humaines nécessaires. Dans le cas des tout petits services, il y a au contraire un risque d’isolement. Ceci peut être « confortable » au premier abord, mais présente de nombreux inconvénients par ailleurs, dont notamment l’importance de « l’effet avocat » lorsque la population des BIATSS est dispersée (lors de l’évaluation des carrières, on défend le dossier rapporté sans aucun élément de comparaison à notre disposition, et le résultat risque de dépendre de l’éloquence du rapporteur).

Reconnaissance de l’investissement
Celle-ci est très faible, au nom d’un principe d’égalité mal compris. La qualité du travail est cependant connue par le bouche à oreille, mais se traduit peu lors d’un examen comparatif des dossiers.
Lorsqu’on compare avec le cas du CNRS, la situation la plus critique est celle des carrières. En toute rigueur ce qui suit devrait être aussi la revendication des syndicats.

Sur le fond, au niveau « macroscopique » : très faible nombre de promotions, beaucoup plus faible qu’au CNRS. A titre d’exemple, lors de la dernière campagne de changement de corps, une seule promotion pour toute la FSI (300 agents dont 220 promouvables). Il est certain que des contraintes budgétaires lourdes pèsent sur le dispositif, dont la non-prise en compte du Glissement Vieillesse Technicité (GVT), qui fait que budgétairement, un établissement n’a pas intérêt à avoir des promotions ! Mais le principe de la LRU devrait permettre des marges de manœuvre, si la communauté scientifique fait des choix. Faut-il s’interdire indéfiniment d’arbitrer (avec toutes précautions et les garde-fous concevables) entre les promotions et les recrutements ?

Au niveau de la forme, la procédure est obsolète et archaïque, tout en présentant les apparences de la rigueur. Les dossiers (toujours sous forme papier !) ne sont consultables que pendant un temps très court, la procédure démarrant tardivement, en attente d’un « top de départ » du ministère ; les instances chargées de l’évaluation primaire (pôles, composantes) servent de variable d’ajustement dans le calendrier. L’ironie de l’histoire est que les promotions étant très faibles, les dossiers sont toujours les mêmes d’une année sur l’autre ; on ne voit donc pas pourquoi il faut attendre d’hypothétiques instructions (qui ne peuvent rien changer sur la contrainte de fond) avant de lancer la procédure.
Il faudrait bien entendu informatiser la procédure, mais attention car une telle démarche est une œuvre de longue haleine et comporte de nombreux pièges. Une procédure informatique mal conçue peut se révéler lourde et décourageante. Il faudrait impérativement qu’elle soit conçue avec les usagers.

Seul point positif, pour les catégories C postulant au corps des techniciens, il existe des promotions en nombre non-négligeable. Ceci correspond en toute logique à l’élévation du niveau de technicité des métiers. Mais pour ces promotions modestes, la règle est toujours de remonter au niveau national, ce qui maintient une procédure très lourde et peu en rapport avec la réalité du terrain.

Pour terminer, la responsabilité des enseignants-chercheurs dans cet état de fait ne peut être ignorée. Soumis eux-mêmes à une pression extrême et à l’atomisation des tâches, ils n’ont pas toujours le temps de s’intéresser au travail des BIATSS. Mais il est révélateur que lorsqu’on entend parler « des demandes postes », il s’agit toujours implicitement des postes d’enseignants-chercheurs. Il importe que la communauté universitaire réalise que l’Université ne peut fonctionner avec une seule catégorie de personnels : il faut des enseignants-chercheurs certes, mais aussi des personnels techniques, administratifs, des chercheurs à plein temps, des enseignants à plein temps, etc…