L’histoire d’UdA

Paruda

L’histoire d’UdA

Quelques mots sur la création de l’association UdA
André Antibi (octobre 2015)

L’association a été créée il y a trente ans. A l’occasion de cet anniversaire, quelques mots sur l’histoire de sa création me semblent utiles.

Un syndiqué convaincu, mais…
De 1981 à 1985 j’ai participé au CA de l’université Paul Sabatier en tant qu’élu SNESUP, fortement soutenu par la section de l’UFR « mathématique, informatique, gestion » (MIG) de ce syndicat. A cette époque j’ai également été membre du CNU, élu sur les listes SNESUP. Je crois avoir toujours défendu les positions syndicales, avec conviction.

Une discussion qui m’a marqué
Un soir, en sortant d’une réunion d’un conseil d’administration de l’UPS, j’ai discuté avec un membre de ce conseil, non syndiqué, qui m’a dit d’un air résigné, avec une certaine tristesse : « Vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais nous, les non syndiqués, on ne sert à rien dans ce conseil ; tout est décidé à l’avance par les syndicats. »
Je savais effectivement que plusieurs décisions étaient prises en intersyndicale, mais je n’avais pas réalisé à quel point les collègues non syndiqués étaient exclus, surtout ceux qui étaient suspectés d’avoir une sensibilité de droite*. Cette discussion m’a fait prendre conscience du fait qu’on se privait, lors des débats, de la réflexion de nombreux collègues ; une certaine forme de gâchis.
* Il est clair bien sûr que dans d’autres universités les mots “gauche” et “droite” pourraient être inversés.

Les consignes de vote !
Généralement, avant chaque réunion du CA avait lieu une intersyndicale, c’est-à-dire une réunion à laquelle étaient conviés les responsables syndicaux et les élus des conseils syndiqués, de sensibilité de gauche pour la plupart*. Nous étions peu nombreux à ces réunions, souvent une dizaine de personnes. Après de brefs échanges, une position était prise. Cela pouvait alors permettre aux élus syndiqués de ne pas se fatiguer : il suffisait de suivre la consigne de vote…
Je m’étais fait remarquer à plusieurs reprises lors des débats en faisant des interventions qui pouvaient parfois s’écarter de l’esprit de la consigne.
* Il est clair bien sûr que dans d’autres universités les mots “gauche” et “droite” pourraient être inversés.

Une terrible faute
Lors d’une réunion du CA, nous devions nous prononcer sur la création d’un poste à la faculté de pharmacie. La consigne de l’intersyndicale allait à l’encontre de la proposition de la faculté. Lors du CA, le doyen de la faculté de pharmacie, particulièrement désabusé, je pourrais dire désespéré, m’a convaincu : la proposition de la faculté était juste. J’ai alors soutenu cette proposition, en mon âme et conscience. J’ai même osé intervenir lors des débats pour la soutenir. Le vote du conseil a alors été conforme à la proposition de la faculté de pharmacie. J’ai même reçu une lettre officielle de la faculté de pharmacie pour cet acte de bravoure… En clair, j’étais remercié pour avoir soutenu une proposition juste, mais surtout pour avoir eu le courage de ne pas suivre aveuglément, bêtement, une consigne de vote ! Mais dans le monde syndical, je venais de commettre une faute grave ; j’étais devenu un syndiqué « pas fiable » qui ne pouvait plus être élu sur des listes syndicales.

Les élections de 1985
En 1985, j’ai été proposé par la section SNESUP de l’UFR MIG (qui m’a d’ailleurs toujours soutenu) pour figurer sur la liste SNESUP de l’université pour le CA. Cette proposition a alors posé de très sérieux problèmes au niveau du SNESUP de l’université. J’avais toujours milité avec conviction pour défendre les valeurs syndicales, localement et nationalement, mais je ne pouvais plus supporter de me battre à l’intérieur de mon propre syndicat. J’ai alors pris conscience de l’aspect injuste, ridicule de la situation. C’était un samedi matin.

Des soutiens courageux* de la première heure, très précieux, indispensables
J’ai contacté par téléphone des amis, professeurs et maîtres de conférence, Pierre Auriol, Pierre Ettinger, Pierre Viala, Fernand Wind qui ont soutenu ma décision de proposer des listes non syndicales, et de créer une association. Plusieurs autres collègues ont très rapidement rejoint notre mouvement. Je pense notamment à Michel Aubes, Michel Bilotte, Robert Carles, Michel Denizart, Jacques Périé, Gabriel Soum, Jean-Louis Tichadou.
L’association « l’université d’abord » venait de naître.
Je me souviens encore d’un ami, syndiqué SNESUP, qui m’avait dit à l’époque : « Cette association durera le temps d’une élection ». Il avait tort. Aujourd’hui cette association a trente ans et elle joue un rôle important dans la vie de notre université.
* Il fallait effectivement un certain courage pour se situer hors des syndicats à l’époque.

Une précision importante
Certains pourraient penser que je mets en cause certains responsables syndicaux de l’époque. Ce n’est absolument pas le cas. Il s’agit d’une remise en question d’un mode de fonctionnement qui repose très souvent sur une politisation inutile et stérile, qui pourrait éventuellement se justifier nationalement, mais certainement pas localement. D’ailleurs on retrouve ce dysfonctionnement dans le cadre de la politique municipale ; les minorités sont très souvent tenues à l’écart, même lorsque certaines prises de décision devraient se situer en dehors des clivages politiques traditionnels.

L’association UdA est-elle antisyndicale ?
Absolument pas. Je pense que l’appartenance à un syndicat au niveau national est légitime, utile, même naturelle pour ceux qui, comme moi, sont attachés à une certaine vie associative. D’autre part, n’oublions pas que, dans un pays démocratique, les syndicats sont les partenaires naturels du gouvernement.
A ce sujet, je crois utile de signaler que certains membres d’UdA sont « syndiqués nationalement ». C’est mon cas, je suis syndiqué SNESUP. Mais localement, je suis convaincu que le fonctionnement syndical classique, qui s’appuie sur le principe de consigne de vote, est vraiment contreproductif.

Deux principes fondamentaux sur lesquels s’appuie UdA
La création de notre association met clairement en valeur deux des principes essentiels de son fonctionnement :

  • Un fonctionnement en dehors des clivages politiques (souvent politiciens) traditionnels,
  • Pas de consigne de vote
    Au sujet de ce second point, signalons que, pour des votes très importants, les élus « UdA », sans aucune contrainte, ont voté conformément à une certaine politique générale de l’association.

ANNEXE

Présidents successifs d’UdA depuis sa création
André Antibi, Pierre Auriol, Patrick Laborde, Emmanuel Paul, Jean-Pierre Launay, Serge Cohen

L’UdA et les diverses catégories de personnels
Au début, lors des élections, les listes UdA ne concernaient que le collège B. Par la suite, les IATOS nous ont rejoints ; signalons à ce sujet le rôle important de Jean-Louis Antona et d’Yvette Petit. Il y a eu ensuite des listes « rang A ».
Signalons enfin qu’il y a eu à plusieurs reprises des relations privilégiées entre UdA et certaines associations d’étudiants.

Rapports entre l’UdA et les corps de santé
Ils ont toujours été bons. A ce sujet, il convient de signaler le rôle important joué par France De Lafarge.

Participation d’UdA à la gouvernance de l’UPS
Depuis sa création en 1985, plusieurs membres d’UdA ont occupé des postes importants dans notre université.

Extension d’UdA sur le plan national
C’est un projet dont il a été question. Mais on y a renoncé car on s’est vite rendu compte que ce genre d’association dans d’autres universités avait de fortes probabilités, sournoisement, de se colorer politiquement, et qu’alors l’esprit libre et ouvert de l’association disparaîtrait.

1 commentaire pour l’instant

Hommage à André Antibi, fondateur et président d’honneur d’UdA – L Universite d abordPublié le4:40 - Août 24, 2022

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